Printemps fripon
PRINTEMPS FRIPON
Avril paresseux, ce soir j'irai par les sentiers
Humer les premières senteurs d'un printemps fripon
Je mettrai alors la plus jolie dentelle d'un vieux jupon
Que je ferai tournoyer dans la campagne intimidée
J'attendrai que le soir se glisse entre le ciel et l'horizon
M'offrant sa palette de couleurs aux senteurs alanguies
Du parfum entêtant d'une touffe de violettes enhardies.
L'abeille juvénile de miel m'enveloppera de son premier fil sucré
Je longerai la rive du petit ruisseau insolent capricieux
Je tendrai l'oreille me gavant de son clapotis chantant merveilleux
Comme au peintre exalté j'écraserai ma spatule sur la croûte du génie
Et là.... sur le rivage d'un printemps moqueur
J'entreverrai un spectacle charmant empli de douceur
Délicatement...elle quittera ses bas de laine détachant ses cheveux blancs
Transi amoureux aux gestes fragiles il lui tendra les mains, tremblotant
L'eau ce soir est si fraîche mais qu'importe comme deux gamins
Ils s'éclabousseront accompagnés de rires cristallins
Tous les deux jouant, oubliant leur âge à leur corps défendant
Baisers bonbons bonheur... les lèvres seront pâles mais quels bons moments
Je fermerai les yeux ravie, je me dirai... que c'est beau d'avoir quatre-vingts printemps
Avril timoré, ce soir j'irai te retrouver...
Martine Charron
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